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Lire la suiteAldo Haesler tente ici de donner une nouvelle explication de la genèse et de la dynamique particulière de la modernité. Son avènement ne serait pas tant dû à la science nouvelle, à la philosophie moderne ni même à l’économie capitaliste, mais tiendrait essentiellement à une nouvelle manière de concevoir les relations humaines. De jeu à somme nulle (un gagnant et un perdant), la relation est devenue jeu à somme positive (toutes les parties gagnent) ; de réseau d’endettement, elle est devenue une source d’effervescence et d’émulation réciproques. Là est le socle commun des explications classiques de la modernité, de Marx et Weber jusqu’aux plus récentes. Ces jeux qui structurent tous nos rapports à autrui, au monde et à nous-mêmes, le font au moyen de médias de communication qui, dans les sociétés non modernes, sont de l’ordre du pouvoir, de la croyance, mais aussi de la beauté et de la justice, alors qu’avec le développement de la modernité, c’est l’argent qui s’est progressivement substitué à ces médias traditionnels. D’instrument de règlement partiel des dettes, l’argent est devenu médium généralisé, à la fois le maître-étalon d’un nombre de plus en plus grand de relations, et en même temps leur principe dynamique. En tant qu’étalon de toute mesure, l’argent tendra à libérer toutes les relations de leurs entraves traditionnelles ; mais, en même temps, il rendra invisibles ceux qui, dans un jeu à somme positive, devront en assumer les coûts. Car, dans un monde aux ressources limitées, le gain multiple se solde nécessairement par un tiers invisibilisé qui doit en endosser les conséquences. En tant que principe dynamique, l’argent s’émancipe peu à peu de son substrat matériel, ce qui rend sa circulation de plus en plus rapide et invasive. Il atteint aujourd’hui, sous sa forme électronique, son stade de perfection phénoménale. S’effaçant de nos seuils de conscience, il échappe à notre emprise réflexive. Sa libre prolifération fera des relations « effervescentes » le standard de toute relation et de la dette, un signe d’exclusion. Telle est la situation de la modernité dure qui concourt à faire de la modernité capitaliste contemporaine le régime socio-culturel le plus stable que l’humanité ait connu depuis ses origines. Mais la stabilité n’est pas, dans ce contexte, une vertu. Serait-ce le véritable défi de ceux qui souhaitent en sortir ?
Auteurs | Aldo Haesler |
Titre | Hard Modernity |
Sous-titre | La perfection du capitalisme et ses limites |
Édition | 1re |
Date de publication | Mai 2018 |
ISSN | 2427-4933 |
ISBN | 978-2-37361-156-4 |
eISBN | 978-2-37361-157-1 |
Support | papier, pdf, ePub |
EAN13 Papier | 9782373611564 |
EAN13 PDF | 9782373611656 |
EAN13 ePub | 9782373611571 |
Nombre de pages | 588 |
Dimensions | 16,4 x 24 cm |
Prix livre papier | 29 € |
Prix ebook ePub | 19,99 € |
Prix ebook pdf | 19,99 € |
Mots-clés | capitalisme, modernité, argent |
Avant-propos [page 5]
Première partie. Présentation
Prologue [page 11]
Contenu analytique
Chapitre 1. L’argument [page 23]
De-cashing
Chapitre 2. La modernité capitaliste [page 53]
Réécrire le projet moderne
Questions de méthode
Deuxième partie. Méthode et terrain
Chapitre 3. Esquisse d’une théorie relationniste du changement social [page 75]
Une vocation perdue et peut-être retrouvée
Paradigmes sociologiques du changement social
Esquisse d’un modèle
Le cadre relationnel d’une théorie du changement social
Digression sur les états de conscience
Un modèle pentagonal
Conclusion
Chapitre 4. Une période de seuil : la Grande transformation II [page 123]
Espace d’expérience et horizon d’attentes
Une nouvelle époque de seuil dans la modernité : les premières années 1970
1. Épuisement
2. Le passage au capitalisme hard
3. La raréfaction des ressources d’utopie
4. Les techniques interpassives
5. Décrochages socio-démographiques
6. Nouvelles territorialités, nouvelles temporalités
7. Une esthétique hard, des médiateurs mous
Les crises de la modernité capitaliste
Conclusion
Chapitre 5. Quatre conjectures: posthistoire, surmodernité, postmodernité et protomodernité [page 175]
L’éternel retour du même
Digression sur la reconnaissance
Une nouvelle ère ?
Apprendre de l’histoire
Une longue attente
D’une conjecture l’autre
Conclusion
Troisième partie. Reconstruction
Chapitre 6. L’ère d’Anaximandre : la dette et le cosmos [page 215]
Le monde d’Augustin
La galère
Le double registre de l’échange
Le fragment
Une remarque de méthode
Chapitre 7. Copernic et la découverte des « mondes infinis » [page 245]
Les deux « révolutions » des modes de circulation
Le radeau
Absconditus
Contingence
Du cosmos à l’univers
Hans Blumenberg : la modernité par défaut
Les inventions
1. L’infini
2. La perspective
3. Le zéro
4. L’argent moderne
La reproduction mécanisée
Une création ex nihilo
La plus-value monétaire (M – M’)
L’abstraction monétaire
La comptabilité en partie double
La dématérialisation
Conclusion
Le radeau (suite)
Chapitre 8. Un changement de grammaire sociale : de l’échange à somme nulle à l’échange à somme positive [page 299]
La vie sociale sur le radeau
Digression sur la mauvaise presse
Les prodromes d’une nouvelle grammaire sociale
Marsile Ficin et l’érotique du lien
Giordano Bruno : communauté d’immanence et infini
Le droit naturel, une protosociologie
De l’infini en acte aux richesses illimitées
La découverte de l’échange marchand comme jeu à somme positive
Digression sur le mercantilisme
La logique de l’échange à somme positive
Digression sur la loi de Ricardo
Conclusion
Chapitre 9. Le système de le modernité, une reconstruction [page 355]
Comment la société est-elle possible ?
Modernité et indifférence (HH)
Digression sur l’eye contact
Un principe épidémique : l’émulation des profits (HC)
Les infortunes du projet de paix perpétuelle (CC)
Les illusions du perfectionnement de la nature (CN)
La logique de l’aliénation (HN)
Conclusion
Chapitre 10. Le tiers exclu [page 383]
Le tiers exclu
Le tiers augmenté : les externalités positives du principe du jeu à somme positive
Les relations affinitaires (HH)
Digression : la question du consentement
L’espace public bourgeois (HC)
L’Europe (CC)
Nature anthropocénique (CN)
L’Homme augmenté (HN)
La contagion des idées
Conclusion
Sur l’île artificielle
Quatrième partie. Leçons
Chapitre 11. Les inconséquences de la modernité [page 417]
Une nouvelle synthèse sociale
Le paradoxe de Jameson
Abstraction monétaire et lois chrématistiques
Chapitre 12. Une société sans échanges [page 459]
La formule de Black et Scholes
Hyperfétichisme
Georg Lukács
Fétichisme et hyperfétichisme
Les pratiques encartées
Alfred Sohn-Rethel
Métacritique de la marchandisation
La méthode de Bernie
La société de Ponzi
Digression : Quelles lois pour quelles sociétés
L’éclipse de la réciprocité
Conclusion [page 521]
L’escompte
Profits without production
Parler comme des agneaux, agir comme des loups
Et maintenant ?
Coda
Épilogue [page 545]
Remerciements [page 547]
Bibliographie [page 549]
Index onomastique [page 571]
Recension de Bertrand Cochard dans Implications philosophiques (12 avril 2019).
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