Les débats des Éditions Matériologiques

Les débats des EM

Venez écouter, rencontrer, discuter avec les chercheur.e.s.

Une trentaine de minutes de présentation, suivie d'une discussion avec l'auditoire, puis un verre de l'amitié.

Ces débats ont lieu à la boutique des Editions Matériologiques, 44 rue Pelleport, 75020 Paris, M° Gambetta, Pelleport ou Porte de Bagnolet.

Programme du 1er semestre 2023

Mardi 17 janvier à 19 heures : Guillaume Lecointre (biologiste de l’évolution, Muséum national d’histoire naturelle), À quoi répondent nos empathies et notre compassion à l’égard des diverses espèces du monde vivant ?

On s’indigne beaucoup plus de la chasse que de la pêche. Maintenir des insectes dans un terrarium laisse tout le monde indifférent, mais de nombreuses voix s’élèvent contre la présence de grands singes dans des ménageries ou des zoos. Pourtant, tous ces êtres vivants sont des animaux. Et nous, en faisons-nous partie ? Nos empathie et notre compassion sont non seulement sélectives, mais nous avons découvert qu’elles sont également ordonnées. Nous verrons comment. (D’après les travaux d’Aurélien Mirallès, Michel Raymond et Guillaume Lecointre.)

Pistes de lecture : Collectif, Les Mondes darwiniens. L’évolution de l’évolution, volumes 1 & 2, Editions Matériologiques, 2011. Collectif, L’Evolution, de l’univers aux sociétés. Objets et concepts, Editions Matériologiques, 2015.

Samedi 25 février à 16 heures : Fabrice Flipo (philosophe, Institut Mines-Télécom/Université de Paris Cité), L’impératif de la sobriété numérique – l’enjeu des modes de vie 

Que le numérique supposément « immatériel » ait des implications matérielles bien réelles n’est plus remis en cause par personne, comme en témoigne la législation récente. Mais quels sont les enjeux ? La sobriété mise en avant est-elle bien à l’ordre du jour ? Est-elle un impératif ou seulement une manière de s’accommoder de circonstances formant une sorte de goulot d’étranglement temporaire ? Le cas échéant, peut-on gouverner les modes de vie ?

Piste de lecture : Fabrice Flipo, L’impératif de la sobriété numériqueL’enjeu des modes de vieEditions Matériologiques, 2020.

Samedi 4 mars 2023 à 16 heures : Christophe Darmangeat (anthropologue social, université Paris Cité), Les rapports de genre dans la préhistoire (origine de la domination masculine)

L’actualité des mouvements féministes suscite aujourd’hui un intérêt renouvelé pour le lointain passé des rapports entre les sexes. L’existence des genres est-elle un fait de nature ? La domination masculine est-elle un phénomène aussi ancien que l’espèce humaine, ou au contraire un produit tardif de son évolution sociale ? Par quelles méthodes peut-on tenter d’explorer le temps et de reconstituer le passé des sociétés humaines ? Mais aussi – et surtout ? – quelles sont les implications de ce passé sur les perspectives actuelles ? Voilà lesquestions que nous vous invitons à discuter.

Pistes de lecture : Anne Augereau & Christophe Darmangeat, Aux origines du genre, PUF, 2022. Christophe Darmangeat, Le Communisme primitif n’est plus ce qu’il était. Aux origines de l’oppression des femmes (3e édition révisée), Smolny, 2022.

Son blogue : http://www.lahuttedesclasses.net

Bérengère Abou & Hugues Berry, Sexe & genre. De la biologie à la sociologie, Editions Matériologiques, 2019.

Samedi 11 mars à 16 heures : Véronique Le Ru (professeure de philosophie à l’université de Reims), Pour des milieux vivants partagés

Le milieu humain n’est pas plus réel que le milieu canin ou le milieu du lapin, il a une autre valeur. Le problème est que l’humain pense avoir le monopole des valeurs et qu’il a construit une sphère de valeurs proprement humaines exclusives de toute autre. Or tout être vivant est un processus d’individuation, c’est-à-dire une tentative plus ou moins durable d’exister et de rayonner en se faisant son milieu. À l’aune de cette considération, la différence de l’espèce humaine et des autres espèces vivantes diminue comme peau de chagrin. Et c’est sans doute une chance pour nous les humains qui pouvons enfin nous repenser dans la communauté vivante, dans une profonde connivence avec tout ce qui vit, au lieu de nous en extraire et de nous en abstraire pour nous poser en nous opposant aux animaux, en termes de propriétaires et de prédateurs, sans prendre en compte les rythmes de vie que nous partageons avec d’autres espèces.

Piste de lecture : Véronique Le Ru, Pour des milieux vivants partagés. Nouvelles réflexions sur l’universelEditions Matériologiques, 2021.

Vendredi 17 mars à 19 heures : Etienne Aucouturier (chercheur en éthique au CEA-Saclay), Extensions du domaine de la guerre biologique : quelques technologies et projets à surveiller

Dans La Guerre biologique. Aventures françaises (2017), j’avais émis quelques hypothèses, sous la forme de mises en garde, quant à ce que pourrait être l’avenir de la guerre biologique. Je reviendrai ici sur les jalons de la guerre biologique posés au XXe siècle et analysés dans mon livre. Puis, à travers l’examen de quelques technologies contemporaines et de l’évolution de l’encadrement des recherches à double usage dans le domaine des sciences de la vie, j’interrogerai les déclinaisons possibles de la guerre biologique du XXe siècle au XXIe siècle.

Pistes de lecture : Etienne Aucouturier, La guerre biologique. Aventures françaisesEditions Matériologiques, 2017. Dan Kaszeta, Neurotoxique. Une histoire des agents neurotoxiques. De l’Allemagne nazie à la Russie de PoutineEditions Matériologiques, 2022.

Samedi 15 avril à 16 heures : Agnès Grivaux (philosophe, université de Nantes), Sina Badiei (économiste, université de Lausanne), Gilles Campagnolo (philosophe de l’économie, Paris 1), Quelles valeurs politiques, morales et philosophiques en économie ?

L’économie est-elle une science dès lors qu’elle intègre des valeurs, des principes moraux, des considérations anthropologiques, voire des préjugés ou des intuitions sur ce que sont les agents qui échangent des biens et des services ? Et qu’est-ce qu’une science qui s’appuie sur des valeurs autant qu’elle en produit dans ses théories et ses actions ? Autant de questions posées par nos trois intervenants.

Pistes de lecture : Sina Badiei, Gilles Campagnolo, Agnès Grivaux (dir.), Le positif et le normatif en philosophie économiqueEditions Matériologiques, 2022. Gilles Campagnolo & Jean-Sébastien Gharbi, Philosophie économique. Une introductionEditions Matériologiques, 2019.

Samedi 29 avril à 16 heures : Bénédicte Percheron (historienne, GRHis, Université de Rouen), Les sciences naturelles au XIXe siècle en France. Engouement et diffusion

Les sciences naturelles ont connu un engouement exceptionnel en France, spécifiquement à partir de la Monarchie de Juillet. Durant le XIXe siècle, chaque grande ville de province a vu l’ouverture de cabinets d’histoire naturelle, de jardins botaniques ou encore de cours dédiés… Les publications spécialisées se sont multipliées, puis rapidement de la littérature de vulgarisation est apparue, ainsi que de la fiction inspirée de cette discipline. À travers des exemples, notamment le cas remarquable de la ville de Rouen, nous nous intéresserons à l’engouement pour les sciences naturelles durant ce siècle. 

Piste de lecture : Bénédicte PercheronLes sciences naturelles à Rouen au XIXe siècle. Muséographie, vulgarisation et réseaux scientifiques Editions Matériologiques, 2017.

Samedi 6 mai à 16 heures : Delphine Olivier (philosophe de la médecine), Que penser des promesses biomédicales ? Un futur dans lequel les individus peuvent décrypter leur génome, surveiller et optimiser leur santé, est-il crédible ?

De telles promesses s’appuient sur le prestige des sciences et des techniques contemporaines. Et sur le caractère évidemment désirable de la bonne santé. Pourtant, l’histoire de la médecine du XXe siècle, couplée à une approche philosophique de la santé, nous invite à une certaine prudence. On exposera quelques pistes pour guider la réflexion critique sur ces «médecines de demain».

Pistes de lecture : Delphine Olivier, Ausculter la santé. Généalogie d’une promesse médicale, Editions Matériologiques, 2021.

Vendredi 26 mai à 19 heures : Jean-Hugues Barthélémy (philosophe, chercheur associé à l’université Paris-Nanterre), Peut-il y avoir un âge écologique sans de nouvelles Lumières refondant le droit ?

La catastrophe écologique en cours est l’occasion, pour l’écologie politique, de se développer et de prendre de plus en plus de place dans les débats. Mais la question qui domine reste «Comment faire pour éviter le pire ?», et rares sont ceux qui demandent «pourquoi ?», autrement dit ici «au nom de quelles normes ?». Or, notre époque n’est pas seulement celle d’une catastrophe écologique, mais aussi celle d’une crise du sens touchant toutes les grandes dimensions de nos existences : crise des idéologies politico-économiques, de la transmission des savoirs, de l’exemplarité dans le domaine des valeurs. C’est pourquoi le projet de la philosophie nommée «écologie humaine», et développée depuis 2018 dans plusieurs ouvrages, consiste à réaliser le programme de nouvelles Lumières capables de repenser ces aspects, jusqu’à interroger les fondements mêmes du droit pour redéfinir les normes juridiques et accorder des droits aux animaux eux-mêmes. Pas de nouvelles Lumières sans sortir de l’anthropocentrisme d’antan si nous voulons que l’écologie politique rende vraiment possible un âge écologique.

Pistes de lecture : Jean-Hugues Barthélémy, La Société de l’invention. Pour une architectonique philosophique de l’âge écologiqueEditions Matériologiques, 2018. Jean-Hugues Barthélémy, Ego Alter. Dialogues pour l’avenir de la TerreEditions Matériologiques, 2021. Jean-Hugues Barthélémy & Ludovic Duhem (dir.), Écologie et technologie. Redéfinir le progrès après SimondonEditions Matériologiques, 2022.

Samedi 3 juin à 16 heures : Laurent Palka (biologiste, Muséum national d’histoire naturelle), Microbiodiversité ou penser la biodiversité à une autre échelle ?

Notre vision des virus, bactéries, archées, protozoaires, micro-algues et champignons force à questionner notre conception globale de la biodiversité. Celle-ci est-elle la même quelle que soit l’échelle le long d’un continuum ou bien implique-t-elle une rupture entre deux mondes, une macrodiversité et une microbiodiversité ? Si un continuum existe, pourquoi est-il si difficile de concevoir une politique de conservation pour des organismes qui ne provoquent aucune émotion ou cas de conscience ? Si non, la biodiversité ne se conçoit-elle qu’à travers le prisme de la menace qui pèse sur elle et dans ce cas, la microbiodiversité est-elle aussi menacée ? Une unification est-elle possible ou souhaitable ?

Piste de lecture : Laurent Palka (dir.), Microbiodiversité. Un nouveau regard, Editions Matériologiques, 2018.

27 décembre 2022