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Lire la suiteLibérées de l’assujettissement à leur fécondité, la peur de mourir ou de souffrir, la maternité des femmes est devenue le théâtre de nouveaux enjeux entre la réappropriation corporelle par un réel pouvoir d’agir dans la mise au monde, les alternatives à la naissance hospitalière, le désir de réalisation personnelle et sociale… C’est aussi la question des violences obstétricales avec la reconnaissance des droits inaliénables auxquels tout sujet féminin peut prétendre avec le consentement libre et éclairé.
Du passé au présent, Claudine Schalck, dans la première partie, explore ces différentes thématiques à travers une analyse psychosociologique du contexte patriarcal dans lequel s’inscrivent la maternité et toutes les activités genrées, dites socialement féminines par opposition aux activités dites masculines. Le destin des sages-femmes y croise celui des femmes. Car leur activité porte, elle aussi, la marque des « stigmates » sociaux associés au féminin, dans la division du travail et des tâches, entre normal et pathologique, négativités et infériorités. Où les femmes n’en sont pas moins soumises à une forme d’appropriation de leur maternité et de contrôle de leur corps par les instruments du savoir médical et l’organisation d’un système de soin.
Gérard da Silva montre, dans la seconde partie, combien le corps féminin a été valorisé durant des millénaires avant d’être réputé « impur » et dévalorisé par le monothéisme. Puis, pour ce qui concerne les manuels d’obstétrique en usage depuis le XVIIe siècle, comment l’idéologie patriarcale s’y manifeste par une pensée du féminin référée au modèle du corps masculin et la maternité comme « une maladie qui dure neuf mois ». Ce qui invisibilise l’activité des sages-femmes et vient légitimer un interventionnisme constant sur le corps féminin. Or les femmes ne sauraient être enfermées dans leur « nature », telle que définie par les hommes, au nom de la religion, voire au nom d’une certaine science et du scientisme. Un partage s’impose alors avec le monde médical dans le respect du corps féminin et pour une venue toute en humanité de l’enfant.
Auteurs | Gérard da Silva, Claudine Schalck |
Titre | Pour une approche féministe de la maternité |
Sous-titre | Du «travail des femmes» à celui des sages-femmes |
Édition | 1re |
Date de publication | Septembre 2024 |
Préface | Philippe Cornet |
ISSN | 2427-4933 |
ISBN | 978-2-37361-456-5 |
eISBN | 978-2-37361-457-2 |
EAN13 Papier | 9782373614565 |
EAN13 ePub | 9782373614572 |
Nombre de pages | 214 |
Dimensions | 16 x 24 cm |
Prix livre papier | 22 € |
Préface de Philippe Cornet (page 3)
Introduction (page 13)
Partie 1
Introduction de la partie 1 (page 19)
Chapitre 1 (page 21) Fécondité des femmes versus domination masculine
La fécondité des femmes comme enjeux.
À l’aune de la sujétion sexuelle
Le travail féminin
Un modèle crée par l’esprit
La persistance de l’idéologie patriarcale
L’ordre patriarcal et les effets de double contrainte
Le double bind de la maternité et les progrès des sciences
La maternité, un flanc prêté à la domination masculine
Chapitre 2 (page 45) La maternité ne serait-elle qu’à risque ?
Choisir sa maternité
« Backlash » dans l’émancipation des femmes
La maternité entre risque, pathologie et vulnérabilité
La maternité « tout risque »
La maternité, le « risque mental »
La maternité, le « risque social »
Le coefficient symbolique négatif comme norme
Quelques faits marquants
Chapitre 3 (page 69) Du passé au présent, le destin croisé des femmes et des sages-femmes
Le normal et le pathologique
La maternité, quel pouvoir d’agir pour les femmes ?
Le normal et le pathologique, une division du travail genré dans l’esprit du patriarcat
Femmes et sages-femmes : d’hier à aujourd’hui logées à la même enseigne
La « sale » intimité des femmes versus le « sale boulot » des sages-femmes
Le « sale boulot » des sages-femmes relégué aux systèmes des castes
Femmes et sages-femmes, « sorcières » en puissance
Chapitre 4 (page 93) Le contrôle des femmes par le contrôle des sages-femmes
Pour subordonner et contrôler les femmes,
il faut subordonner et contrôler les sages-femmes
Contrôle genré des sages-femmes versus contrôle genré des femmes
Pouvoir d’agir des femmes versus pouvoir d’agir des sages-femmes
Chapitre 5 (page 113) Le choix de sa maternité comme accomplissement humain et social
Autonomie décisionnelle des femmes quant à leur santé et leur maternité
Le droit pour chaque femme de se réaliser avec sa maternité
Pouvoir d’agir, puissance de vie, accomplissement personnel pour la maternité des femmes
De la « nature » des femmes quant à leur maternité
Plus d’humanité pour la maternité des femmes
Partie 2
Introduction de la partie 2 (page 131)
Chapitre 6 (page 133) Le féminin célébré comme source de vie ou exclu comme impur
La préhistoire ou le patriarcat comme idéologie
Nous autres et les sociétés animales
Le sang des femmes, enjeu symbolique
De la célébration du féminin durant la préhistoire
Le néolithique et la Grande Déesse
L’idéologie du monothéisme masculin et l’impureté féminine liée à l’accouchement et aux règles
Clivage entre le féminin source de vie ou impur
Chapitre 7 (page 149)
Des sociétés matrilinéaires
Il a existé, il existe des sociétés sous l’égide des femmes
Chapitre 8 (page 153) Idéologie patriarcale et obstétrique
L’obstétrique antique
Socrate, « accoucheur » ou « art de la maïeutique » ?
Hippocrate, la maternité avec les « maladies des femmes »
La sage-femme chez Soranos et l’exemplaire corps masculin
Trotula, Secreta mulierum et pensée analogique
Louise Bourgeois, sage-femme de la monarchie, avec pharmacopée ancienne
Mauriceau, les testicules, la sage-femme et l’accouchement naturel
Levret, le forceps et le savoir médical
Du Coudray : « L’Accouchement est dit naturel » avec la sage-femme
1796 : Pinel, une « maitresse sage-femme » à « Messieurs du Comité national de salubrité »
Loi de 1803 : le droit aux sages-femmes d’employer les instruments avec suivi complet de la grossesse
L’humaniste Jean-Louis Baudeloque : accouchement « naturel » ou « contre-nature »
Raulin et les maladies des femmes en couches
Marie-Louise Lachapelle, la sage-femme seule et à égalité avec le médecin
Louis Baudelocque : faire régresser la mort
Boivin : une sage-femme formée et bien informée suffit au suivi complet de la grossesse
1853 : Naegele, le paternalisme et la femme enceinte femme « malade »
Tarnier, la grossesse n’est pas « une maladie de neuf mois », mais un « état physiologique »
La loi de 1892, un recul patriarcal et misogyne
L’enjeu, selon les textes : être mère ou être « malade », « forces naturelles » ou pathologie
Une « sorte d’excommunication » des sages-femmes
1928, Fabre : la grossesse et l’accouchement sans sage-femme ni femme
Accouchement sans douleur et reflux de la mortalité
Pour le patriarcal Merger : « Mieux vaut en général que l’accouchement survienne de lui-même »
Le code de déontologie des sages-femmes
Épisiotomie, césarienne, déclenchement ou l’éternel recours à l’interventionnisme
Conclusion (page 205)