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Lire la suiteCe livre part du constat qu’en France la psychologie académique n’est pas parvenue à se conformer aux exigences de scientificité sans se faire annexer autrefois par la physiologie, aujourd’hui par les neurosciences. Quand, à la fin du XIXe siècle, l’idéologie républicaine appelle à des savoirs rendant compte en termes scientifiques des phénomènes humains, une contradiction apparaît : la recherche positiviste des déterminismes de la conduite entre en conflit avec un des fondements d’une République qui doit procéder de l’exercice du libre arbitre ; or celui-ci ne peut être déterminé. C’est au cœur de cette contradiction que le projet d’une étude scientifique de l’individu prend forme.
La psychologie n’a pas élaboré depuis une théorie des processus complexes qui façonnent la trajectoire des individus, des interactions entre les variations infinies de l’environnement et celles de l’état du système organique qui traite ces données extérieures en les interprétant et en les catégorisant. Le dualisme, explicite ou non, de la psychologie française l’a empêchée de concevoir ces deux types de séries causales comme aussi matérielles l’une que l’autre. Que l’environnement humain soit saturé de valeurs, que les interprétations qui en sont élaborées modifient sans cesse l’état de l’individu et donc ses réactions ne devrait pas empêcher la psychologie de se donner pour objet cette complexité et la découverte des lois d’interaction. Or, elle n’aurait pu le faire que sur la base de réflexions épistémiques – jamais menées en son sein – abordant l’évolution individuelle comme globalement aléatoire mais déterminée ponctuellement, comme une historicité individualisante remaniée à chaque instant par le langage et ses interprétations du monde.
Ce livre présente l’histoire de ce problème dans la psychologie française du XXe siècle en se fondant sur les archives de ses principaux acteurs. Si le positiviste Henri Piéron fonde l’Institut de psychologie, dirige comme Pierre Janet une revue de psychologie, obtient comme celui-ci une chaire au Collège de France, la psychologie reste à l’université dans le giron de la philosophie. Mais à partir des années 1950, un personnage clé, sur lequel on s’arrête tant son destin reflète celui de la psychologie, a réussi là où les précédents avaient échoué : Paul Fraisse. D’abord personnaliste et proche du philosophe Emmanuel Mounier, responsable avec lui des destinées de la revue Esprit, Fraisse usa de ses accointances pour obtenir les soutiens qui firent advenir une psychologie autonome. Mais il était trop tard pour que la psychologie académique française soit confrontée à son objet fondamental et capable enfin d’en rendre compte.
Auteurs | Françoise Parot |
Titre | La psychologie française dans l’impasse |
Sous-titre | Du positivisme de Piéron au personnalisme de Fraisse |
Édition | 1re |
Date de publication | Janvier 2017 |
ISSN | 2275-9948 |
ISBN | 978-2-37361-082-6 |
eISBN | 978-2-37361-083-3 |
Support | eBook PDF ; Livre papier |
EAN13 Papier | 9782373610826 |
EAN13 PDF | 9782373610833 |
Nombre de pages | 296 |
Nombre de figures | 21 photos en noir et blanc |
Dimensions | 16,4x24 cm |
Prix livre papier | 24 € |
Prix ebook ePub | 12 € |
Prix ebook pdf | 12,99 € |
Avant-propos (page 5)
Remerciements (page 9)
Introduction générale (page 11) La psychologie comme expression d’une crise de la pensée en France
1] La psychologie est une idéologie
2] La psychologie est chargée de valeurs
3] Modes d’existence de ses objets et causalité
4] La psychologie académique française doit être unifiée
5] Le problème de la globalisation
6] Une spécificité française ?
Première partie
Comment la psychologie est-elle devenue une discipline académique ?
Introduction (page 29) La psychologie académique en France
Chapitre 1 (page 33) La crise de la pensée française (1820-1860)
1] Une science républicaine de l’homme comme citoyen est-elle possible ?
2] Que sait-on alors des fonctions physiologiques « intellectuelles et morales » ?
Chapitre 2 (page 41) La crise de la conscience sous la République : Théodule Ribot et la fausse naissance de la psychologie (1860-1900)
1] L’influence de Comte et Spencer
2] Vers une psychologie scientifique ?
Chapitre 3 (page 51) La crise : l’hystérie (1880-1914)
1] Vers une psychologie de la singularité ?
2] La psychologie avortée
Chapitre 4 (page 61)
L’impuissance des psychologues (1890-1914)
1] Binet, le psychologue introuvable
2] L’affaire Dreyfus, nouvel avatar de la conscience
Chapitre 5 (page 69)
L’Institut de Psychologie de Piéron : une coquille vide (1915-1964)
1] L’institut de psychologie et ses évolutions
2] L’échec qui menace
Chapitre 6 (page 83) L’entre-deux-guerres, la parenthèse enchantée et refermée
1] Ignace Meyerson et l’esprit d’ouverture
2] Le poste de Guillaume à la Sorbonne
3] Henri Wallon et Georges Dumas, des alliés pour Piéron
Chapitre 7 (page 99)
L’après-guerre, la fin du règne de Piéron, l’arrivée de Lagache (1940-1948)
1] La fin d’une époque
2] L’arrivée de Daniel Lagache
Deuxième partie
Un personnaliste psychologue : Paul Fraisse
Introduction (page 111) Un personnage de roman
Intermède : Une vie coupée en deux
Chapitre 8 (page 117) Fuir l’enfer
1] Le foyer qui étouffe
2] Échec d’une évasion : l’Église lui refuse la prêtrise
3] Les débuts de l’engagement chrétien
Chapitre 9 (page 127) L’œuvre de Dieu, la part du diable
1] L’annus terribilis
2] L’aspiration à la vie communautaire
3] La politique pour les pauvres
Chapitre 10 (page 139) J’ai deux amours
1] Emmanuel Mounier : le coup de foudre
2] Simone Bitry : le feu et la glace
Chapitre 11 (page 147) La guerre et la captivité
1] Seul avec Dieu
2] Un bilan psychologique de soi-même
3] L’amour par écrit
Chapitre 12 (page 159) Les Murs Blancs, le bonheur personnaliste et communautaire
1] Les belles années
2] Les tensions
3] La communauté n’est pas un rêve
4] La mort de Mounier
5] Les Murs avec Ricœur, Domenach, Marrou, Béguin
6] Murs Blancs-Murs Rouges. Que faire du Parti communiste ?
Troisième partie
Le personnalisme de Fraisse et sa conversion à la psychologie
Introduction (page 181) L’après-guerre comme « fenêtre de tir »
Chapitre 13 (page 185) La psychologie peut-elle être personnaliste ?
1] La question de la jeunesse
2] Personne divine-personne humaine
3] La base de toute psychologie personnaliste
4] Le personnalisme aux États-Unis
5] La psychologie selon Mounier
6] Fraisse, personnaliste ou expérimentaliste ?
Chapitre 14 (page 207) L’engagement dans l’administration de la psychologie
1] A la charge, sans relâche, côte à côte, Fraisse et Lagache
2] Une épine dans le pied : la redoutable entrée en scène du langage
Conclusion (page 227) Nettoyer les bidonvilles ontologiques
Annexe Archives de Paul Fraisse (1911-1996) (page 245)
Index des noms propres (page 285)
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BP-548 Parot (140.73k)
Recension parue dans le Bulletin de psychologie, n° 548, mars-avril 2017 |