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La notion d’information est particulièrement polymorphe, luxuriante même. Ses définitions prolifèrent, son domaine lexical est si vaste que la probabilité que deux spécialistes de l’information (sans plus de précision) évoquant cette notion ne parlent en fait pas de la même chose est très élevée. Nous avons tous une idée vague et courante de que ce terme veut dire, nous utilisons tous ce vocable aux multiples acceptions propres à notre quotidien, tandis que les physiciens et les mathématiciens, entre tentatives de formalisation rigoureuses et multiplications des domaines d’application de l’information, développent sans cesse leur compréhension de ce que certains voient comme une nouvelle catégorie du réel. Les sciences humaines, via notamment les sciences de l’information et de la communication, et la linguistique, ont également contribué à l’inflation conceptuelle et lexicale des usages et significations de ce terme. Quant à la biologie, il est patent qu’elle a incorporé l’information à son socle théorique de manière massive. Cette discipline est sans doute celle où cette notion est des plus discutées, notamment parce que la biologie peut dialoguer avec la physique, l’informatique et les mathématiques via la notion d’information, et parce que le programme génétique, Deus ex machina du fonctionnement cellulaire pendant ces cinquante dernières années, est redevable de fortes critiques issues de théories très stimulantes. Le chapitre 7, véritable essai de 110 pages sur « l’information et le vivant : aléas de la métaphore informationnelle », offre une vision panoramique de cette histoire dense et complexe.
Le livre de Jérôme Segal permet de comprendre les racines historiques et épistémologiques de cette profusion et des confusions qui continuent encore trop souvent à perturber notre perception de la notion scientifique d’information. Il s’interroge également sur l’unité du savoir que certains théoriciens de l’information ont cru fonder sur cette instance du réel qui a véritablement révolutionné le XXe siècle et qui sera sans nul doute un objet scientifique crucial durant le siècle en cours.
Préface d'Antoine Danchin (biologiste moléculaire, ENS).
Nouvelle édition (ouvrage initialement paru en 2003), augmentée d’une postface d’Antoine Danchin.
Authors | Jérôme Segal |
Title | Le zéro et le un, volume 1 |
Subtitle | Histoire de la notion scientifique d'information au XXe siècle |
Edition | 2e édition revue et augmentée (1re édition 2003) |
Published | Octobre 2011 |
Foreword | Antoine Danchin |
Afterword | Antoine Danchin |
ISSN | 2275-9948 |
ISBN | 978-2-37361-269-1 |
eISBN | 978-2-919694-05-1 |
Support | eBook PDF (couleur et hypertextes) ; Livre papier (noir et blanc) |
EAN13 paperback | 9782919694426 |
Number of pages | 532 |
Number of illustrations | 31 |
Dimensions | 17 x 24 cm |
Paperback price | 46 € |
Dewey | 003, 501, 509 |
Dédicace et remerciements / page 15
Introduction à la nouvelle édition (2011) Le 0 et le 1, dix ans plus tard / page 17
Préface d’Antoine Danchin : Eloge de la récursivité / page 25
Introduction / page 35
Première partie. Naissance d’une « théorie mathématique de la communication »
Chapitre 1 / page 51, Vers des définitions quantitatives de l’information
1] L’information comme notion physique
[1.1] La notion d’information depuis la théorie cinétique des gaz : Lewis, Szilárd et Smoluchowski
[1.2] Le mouvement brownien comme concept unificateur ?
[1.3] Norbert Wiener, mathématicien et physicien
[1.4] La notion d’information et la mécanique quantique : Johannes von Neumann
2] Les statistiques et l’information de Fisher
[2.1] La place de cette définition dans l’œuvre du statisticien eugéniste
[2.2] Les statistiques comme moyen d’unification ?
[2.3] Dans la lignée des travaux de Fisher sur l’information…
3] Transmettre « l’information » au meilleur prix
[3.1] Des données d’ordre économique
[3.2] Les travaux pionniers de Harry Nyquist et Karl Küpfmüller
[3.3] Hartley aux Bell Telephone Laboratories et le développement des premiers travaux
[3.4] Premiers prolongements
Chapitre 2 / page 113, Claude Shannon et le contexte de l’axiomatisation de la notion d’information
1] Machines logiques et logique des machines : Alan Turing et Claude Shannon (1936-1938)
[1.1] Les machines d’Alan Turing : théorie et pratique
[2.2] Un autre « mathématicien-ingénieur » : C.E. Shannon
2] Sélection, algèbre et génétique : Vannevar Bush le « mentor » (1938-1940)
[2.1] Bush et ses drôles de machines : le « Memex » et le « Rapid-Selector »
[2.2] Shannon mathématicien-généticien : problèmes de « transmission »
3] Les scientifiques entrent en guerre (1940-1943)
[3.1] Institutionnalisation des recherches de guerre
[3.2] Le cas du radar
[3.3] La conduite de tir en DCA
[3.4] Wiener et le projet du MIT
[3.5] Le « Yellow Peril »
[3.6] M9 et suites : Le projet des Bell Labs et ses conséquences
[3.7] Institutionnalisation de l’interdisciplinarité : mathématiques appliquées et psychologie
4] Une théorie mathématique de la cryptographie (1943-1945)
[4.1] Un cas célèbre : Turing à Bletchley Park
[4.2] L’utilisation des techniques de télécommunications dans la cryptographie américaine
[4.3] Le X-System et la modulation par impulsions codées
[4.4] « A Mathematical Theory of Cryptography »
5] Les publications de 1948 au Bell System Technical Journal et l’apport de Warren Weaver
[5.1] un véritable concept mathématique : l’information
[5.2] La conceptualisation du bruit suite aux efforts de guerre
[5.3] Le « théorème fondamental » sur la capacité d’une voie de communication
[5.4] L’introduction du canal de correction
[5.5] Weaver et le problème de la dimension sémantique de l’information
6] Conclusion
Chapitre 3 / page 201, Cybernétique et théorie de la communication
1] Aperçu sur les différents types de régulations
[1.1] L’évolution des techniques de régulation
[1.2] Les régulations en biologie
[1.3] La synthèse de Wiener autour de la notion de feedback
2] Représentations logiques du cerveau
[2.1] Des représentations aux simulations : une lecture possible
[2.2] L’École de Chicago et le modèle de Pitts et McCulloch
[2.3] L’ingénierie électrique dans la genèse et l’utilisation de ces représentations
3] Les fondations privées et l’essor de la cybernétique
[3.1] Les fondations dans le milieu scientifique américain des années 1940
[3.2] « Comportement, intention et téléologie »
[3.3] Premières conférences interdisciplinaires de 1945 à 1948
[3.3.1] La Société téléologique
[3.3.2] Macy 1
[3.3.3] « Les mécanismes téléologiques dans la société »
[3.3.4] Macy 2
[3.3.5] « Mécanismes téléologiques » discutés à l’Académie des sciences
[3.3.6] Macy 3
[3.3.7] Macy 4
[3.4] 1948, année cybernétique
[3.4.1] Macy 5
[3.4.2] Le symposium Hixon
[3.5] Le livre de Wiener
[3.6] Réception immédiate et suite des conférences Macy
[3.6.1] Macy 6
[3.6.2] Macy 7
[3.6.3] Macy 8
[3.6.4] Macy 9
[3.6.5] Macy 10
[3.7] Les origines d’un spectaculaire développement
[3.8] Prolégomènes à une définition du statut de la cybernétique et de la notion d’information
Chapitre 4 / page 303, Autres contextes, autres théories : Allemagne, France et Grande-Bretagne
1] Ambiguïtés de la notion de « précurseurs européens »
2] Hermann Schmidt, son Allgemeine Regelungskunde et le contexte allemand
[2.1] L’historiographie relative à Schmidt et la démarche adoptée
[2.2] Hermann Schmidt jusqu’aux années 1930
[2.3] Die Allgemeine Regelungskunde
[2.4] « Au même moment dans le même pays… »
[2.5] Réception de la cybernétique américaine
3] Des développements alternatifs en France et en Grande-Bretagne
[3.1] Spécificités nationales et traits communs
[3.2] 1944-1946, Gabor et sa théorie « physique » de la communication
[3.3] Les servomécanismes en 1947 de Londres à Paris
[3.4] La cybernétique de Wiener arrive en Europe
[3.5] Relativisme des définitions de l’information ou unité profonde ?
[3.6] Les congrès internationaux à Londres et Paris entre 1950 et 1960
[3.6.1] Paris 1950
[3.6.2] Londres 1950
[3.6.3] Paris 1951
[3.6.4] Londres 1952
[3.6.5] Londres 1955
[3.6.6] Londres 1960 et les autres congrès de cette période
[3.7] Réception de la « cybernétique américaine » par les marxistes français
Conclusion de la première partie / page 407, La théorie de l’information dans les années 1950 : une discipline établie ?
1] L’information : une notion technique, physique ou seulement mathématique ?
2] La Seconde Guerre mondiale du côté occidental
3] L’importance de la formation
4] « Une » notion scientifique et « des » théories ?
5] Multi- ou interdisciplinarité ?
Deuxième partie. Un développement multidisciplinaire
Chapitre 5 / page 421, Une réinterprétation de la physique : les travaux de Léon Brillouin
1] Un physicien français en exil
2] L’information comme nouveau paradigme de la physique
[2.1] Le débat sur l’entropie et l’analogie avec l’information
[2.2] Exorcisation du démon de Maxwell et premières critiques de ses travaux
[2.3] Le principe de néguentropie de l’information et le problème de l’erreur expérimentale
[2.4] Le rapport avec la mécanique quantique
[2.5] La théorie de l’information comme conséquence du principe de néguentropie
[2.6] Les différentes définitions de l’information
[2.6.1] Information absolue ou distribuée
[2.6.2] Information scientifique
[2.6.3] Information vivante ou morte
[2.6.4] Information libre ou liée
[2.6.5] Information structurelle
[2.6.6] Information exprimée en dollar et enjeux idéologiques
[2.6.7] Information esthétique
[2.7] Le souci de trouver des applications
[2.8] Brillouin dans l’institutionnalisation de la théorie de l’information
3] Des enjeux philosophiques
[3.1] Une philosophie de la nature
[3.1.1] La constitution des théories scientifiques
[3.1.2] La démarche scientifique
[3.1.3] Le statut de l’analogie
[3.1.4] Le point de vue opérationnel
[3.1.5] Mesure et irréversibilité
[3.2] Vers un triomphe de l’indéterminisme ?
4] Actualité des travaux de Brillouin
[4.1] L’entropie comme grandeur physique et mathématique
[4.2] Les « non-croyants » à l’analogie fondamentale information-entropie
[4.3] Les « croyants », continuateurs de l’œuvre de Brillouin
Chapitre 6 / page 487, Les sciences humaines et la notion scientifique d’information
1] Retour sur le milieu intellectuel américain des années 1940
[1.1] Le poids de l’émigration européenne
[1.2] L’École libre des hautes études
2] Influences réciproques en linguistique
[2.1] Les études statistiques sur la langue
[2.2] Un programme de recherche commun
[2.3] Traduction automatique
[2.4] La notion de redondance et l’apport du linguiste à la théorie de l’information
[2.5] « Linguistique et théorie de la communication » vues par Jakobson
[2.6] Premier bilan
[2.7] L’unité des sciences par le langage ?
3] Les sciences de l’esprit et l’information au regard de l’œuvre de Marcel-Paul Schützenberger
[3.1] Marcel-Paul Schützenberger
[3.2] « A propos de la cybernétique (Mathématiques et Psychologie) »
[3.2.1] Statistique et psychologie
[3.2.2] La biophysique mathématique du système nerveux
[3.2.3] Une tentative d’axiomatisation
[3.2.4] La cybernétique
[3.2.5] L’information
[3.2.6] Les Gestalt
[3.2.7] Les « feedback » (sic)
[3.3] Épilogue
4] Information, structure et structuralisme
[4.1] L’information comme notion essentielle
[4.2] La cybernétique comme source d’unité ?
[4.3] Le critère de scientificité
Voir ce site consacré à cet ouvrage, avec des recensions "papier" et "radio" (France Culture) : http://livre01.free.fr/recensions.htm
Présentation du livre par Jérôme Segal (10')
Jérôme Segal est maître de conférences en histoire des sciences et épistémologie à l’université Paris IV. Diplômé de l’École centrale de Lyon, il a poursuivi ses études avec une thèse en histoire des sciences à l’université de Lyon suivie de recherches postdoctorales à l’Institut Max Planck d’histoire des sciences de Berlin. Depuis 2004, il vit à Vienne, en Autriche, où il a d’abord occupé les fonctions d’attaché de coopération universitaire et scientifique à l’ambassade de France, avant d’enseigner la philosophie à l’université de Vienne, puis de travailler sur un projet européen autour des festivals de cinéma. Ses publications sont disponibles sur son site [http://jerome-segal.de->http://jerome-segal.de].
Il est actuellement coordinateur du collège doctoral d’histoire et de philosophie des sciences de l’université de Vienne (contact : Maria-Theresien-Straße 3/27, 1090 Wien, jerome.segal@univie.ac.at).